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Les qaleb Sokar fi8oum Nifa9 (Les pains de sucre sont parfois hypocrites)

Ils sont associés à la préparation du Thé à la menthe.
Les qaleb Sokar ( Pains de sucre) sont apportés lors des fêtes dans la coutume marocaine

 

La course  aux noces dont l’aboutissement est un rappel constant à la perpétuité débute dès le plus jeune âge chez nous.

Des traditions aux rites de  la religion à la culture, du sacro Saint au fétichisme, le résulta est bien souvent le même.

On se marie pour le meilleur du pire et c’est dans le pire qu’on attend le meilleur.

 

 

Chouf ,rak mazal ma dirti l’7lèl

( Et quoi , tu n'as pas encore accomplit ton acte licite -mariage- ?)

Et wa mazal, malek ?

(Pas encore ,c'est un problème ?)

 

 

Sur le son d’un synthétiseur de mauvaise facture et d’un Oud mal accordé, je les entends scander l’entrée du mâle accomplit.

Me mère pleure d’une joie sur-jouée comme dans une mauvaise comédie de boulevard , mon père me parle et pour la première fois, laisse esquisser l’humanité qu’il ne cesse de réfréner jusqu'au fonds de ses tripes.

 

 

Ba, Hdar m3aya …

( Père, parle-moi ... )

 

N8ar kbir a Wouldi

(C'est un grand jour mon fils)

 

Sur cette énième déception, je rentre dans cette salle où les femmes reprennent le droit qui d’habitude leur est dévoyé , bien déterminé à me le faire payer d'une manière ou d'une autre.

Ca sent bizarre, un cocktail de patchouli de transpiration mélangé avec l’odeur de cuisson qui émane des cuisines.

La Ziyana (coiffeuse/maquilleuse et habilleuse de la mariée) a massacré ma femme et vous savez quoi , elle en est fière.

Du coup, elle fait 10 ans de plus et est peinturée comme une "geïsha" , son visage devenu blanc neige  dénote avec ses mains restées d’un naturel ambré … ça fait peur.

A côté  d'elle, une photographe auto-proclamée qui se prend pour Robert Capa mais dont l'accent "ChebKhalédien" me prévient déjà du massacre artistique à venir.

 

Et wa l'3rayess , wa de7ko de7ko !

(Alors les mariés , rigolez rigolez !)

 

Elle sent la clope et le  wishky à plein nez, elle  nous demande constamment de poser comme les  figures d'un autre temps.

 

 

 

On s'installe sur  un trône de mauvais gout  au style "rococo décadant version Maghreb." Tout le monde nous regarde, nous souris, les téléphones crépites : # MariageBXLMarocenforce#

La musique est mauvaise, je comprends rien, ma mère et sa mère s’aiment étrangement, je trouve ça louche.

Les mamas se lâchent, et par la même occasion ouvre le bal du tortillage des bassins, des cheveux volants et des cris, j'ai l'impression un instant  me retrouver le dernier jour d'une thérapie de groupe pour alcooliques anonymes.

 

Retourne toi et hop me voilà sur Instagram, Facebook et Snap , premiers likes de courtoisie, ma sœur danse … Parce que tu sais danser toi  maintenant ?!

Mon frère complètement défoncé, pleure devant la porte et je pense qu’il est ému , fraternellement ému.

 

Gless m3ana , nfar7ou bik .

(Assieds parmi nous que nous puissions te faire partager notre bonheur)

 

Cette femme est ma femme, mais je ne le reconnais pas.

 

Wakha Triq touila , L’yid  f l’yid fi Baraka Ti l'Ah.

(Le chemin sera long , mais main dans la main avec la bienveillance de notre Seigneur)

 

 

J’ai une djellaba, des chaussettes blanches et des belgha (babouches) jaunes.

 

Allah y 3tek Sa7a

(Que Dieu te donne la santé)

 

Ma mère me dit que j’aurai de beaux enfants et sa mère nous dit que  nous ferons le 1er baptême au Maroc.

Si c’est un garçon, qu’il faudrait l’appeler Jalal comme le prénom de mon grand-Père et que si c’est une fille … Tiens on en a pas parlé

 

Khla3tina Khoya , rak mZiyar Oula ??

D7ek , malek !!

 

(Tu nous fait peur frère , tu es coincé ou quoi ?

Vas'y rigole un peu )

 

La famille de France est là , celle de Flandre, de Wallonie et de Bruxelles aussi .

Tous le clan est réuni , le synthétseur et les chanteurs sont toujours aussi mauvais , la soirée se poursuit.

La photographe crie de plus en plus  fort et la Ziyana semble s'être embrouillée avec les mères, certainement une histoire de tarif mal négocié.

 

Ca parle Islam à droite, pognon à gauche pour finalement  parler des  2 partout.

La pastella est servie le Coca et Pom’s coulent à flot.

 

Moi , je suis à l’arrière de la salle à présent  où sont parqués les mâles proches des 2 familles , le père de ma femme me parle j’entends rien, il rigole fort , je ne comprends toujours rien, il en rajoute alors encore et encore.

Mais derrière chacune de ses  blagues se cachent, cette mise en garde dissimulée, que l’on pourrait traduire par , «  Ecoute, je sais comment nous sommes Nous , avec les femmes, sauf que là c’est ma fille que tu épouses, alors gare à toi . »

 

Je souris, car c’est méditerranéen , c'est d'ailleurs le premier rapport authentiquement culturel de la soirée.

Touché, je fais figure de résignation, ça le touche, il me sert l'épaule pour me dire en darija :

"Soyez heureux et serrez- vous les coudes"

Moi, je comprends, faites tout mais ne faites pas comme nous .

C'est sur cette grille de lecture qu'on s'est regardé et peut être même compris.

 

Wakha 3ami 

(D'accord , beau-père)

 

 

Pourtant, je pense que dans leur handicap émotionnel respectif mon père et ma mère se sont aimés à leur manière, ça ne devait pas être pareil partout .

On m’amène mon smoking loué l’avant veille 200€.

C’est la dernière robe de la mariée, je rentre une dernière fois dans cette salle bruyante où tous les accents Belgo-marocains sont réunis. 

A chaque apparitions, c’est la même surprise dans le regard des gens , pourtant on a rien inventé , on  ( Nos mères ) reproduit (sent) fidèlement cette « coutume » qui me vole finalement l’idée que je m’étais fait du déroulement de notre mariage.

Ma femme  est triste , tellement triste qu’elle s’en excuse, pourtant je reste convaincu qu’elle reproduira le même schéma le jour où nos enfants se marieront.

 

On sort une dernière fois de la salle , ma femme dit au revoir de la main, ses sœurs pleurent comme si on embarquait à bord du Titanic, moi je souris comme l’homme …  Comme l’homme crevé .

On nous dépose dans notre appartement préalablement décoré par ma belle famille, le même style "rococo" fournit par la rue de Brabant ( Rue commerçante bruxelloise où l'on retrouve le kitsch marocain) au goût franchement discutable.

Il y a du rouge du mauve du violet , un arc-en-ciel de couleur sans harmonie, mes yeux n’en peuvent plus, mon cerveau résonne dans un bruit assourdissant ces gammes  et ces faux " YouYOus"  balancés à souhait  toute la soirée, ceux qu'ont la fâcheuse manie de sur-doser les Dj's.

Ma femme se déshabille, elle est crevée , nous sommes censé découvrir nos corps pour la première fois.

Nous n’avons pas attendu le mariage pour et c’est tant mieux.

Au matin je me réveille, on doit prendre le petit déjeuner et dire au revoir à ceux qui on fait le déplacement depuis la France.

 

 

 

On arrive , des Youyous , des hypocrisies se dessinent la suite de l’histoire me donnera raison.

 

 

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